LE DESTIN DE L’ARTISTE
C’est au ciel d’un azur acrylique
Déposé, arraché,
De la main même et à nu de l’artiste éprouvé,
Que son espérance s’en va au delà des cimes
Tenter de pouvoir respirer,
Encore un peu,
Dans l’infini de la liberté de l’Art.
C’est aux approches, par moments suspendues,
Que le point de la vue,
Déplacé au plus lentement des variations de la lumière,
Donne au regard qui perce et interroge
L’élargissement tant attendu des clairs et vastes espaces
Où s’offre la puissance généreuse du chêne ancestral
Au geste contraire qui semble nous dire,
Hors du jeu de la forêt,
Quelque chose du mystère de l’oppression de l’homme.
Le vert végétal de son feuillage,
Danseur de la totalité de l’être,
Se laisse éclaircir,
Avec bienveillance,
De l’ébauche spiralée du grand rêve d’Hélios, le dieu jaune inamovible qui toujours,
En haut,
Donne et veille
Et irrigue de lumineuses essences les nœuds qui relient les mondes de l’entre-deux :
Les mondes de la légèreté et de l’épaisseur
Les mondes de la transparence et de la matière
Les mondes de la brillance et de la matité
Les mondes du végétal et du minéral
Les mondes de l’Asie et de l’Occident
Et engendre, en une unique et éperdue racine chauve, les premières souffrances de l’entrelacement contre nature,
Et contre toute attente,
Du lourd bloc de grès à la mémoire alourdie d’alluvions aux millions d’années,
Féconde
De ses nervures à vif, d’or et d’argent criant de leur iridescence mêlée
__ Tandis que l’arbre vivant meurt étouffé de cruelles et inutiles ligatures __
Les terres gastes et désolées des derniers jours probables de l’artiste qui attend la fin
De ce monde imperméable à la beauté du monde,
Et qui n’est pas le sien et qui ne le sera jamais.
Michaël Vinson,
à partir de la peinture du « chêne-bonsaï » de la forêt de fontainebleau, de Dominique Ladoux.
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