« De midi à minuit sur la mer ». Peinture, Dominique Ladoux et poésie, Michaël Vinson

 

 

 

Dans un tourbillon sauvage
De feu zénithal
La tempête annoncée
Jette enfin sur la plage troublée
Ses premiers émois

Sous l’assaut des vagues déployées de toute leur furiosité juvénile
Les grandes herbes toujours sèches
Balaient d’une gestuelle d’eau et de vent embrassés
le sable chaud des dunes habituées
Des jours de paix et de colère marines entremêlés

Ô délice de mer emportée
Qui dissout nos cristallisations trop pesantes
Dans le jaune flamboyant des soleils éclatés de Midi!

 

 

Ô tempêtes des crépuscules indigos
Farouchement affirmées de l’entrechoquement sauvage
De tes écumes aux blancs emportements
Déferlés sans relâche

Ô tempêtes des crépuscules d’outremer
Qui mêlent aux nuages trop lourds d’eux-mêmes
La lourde et majestueuse ondulation souterraine
Des terres rougies du lointain Orient

Et qui insufflent
En un Occident épuisé de toutes ses factices raisons
Le rêve circulaire et toujours recommencé
De la puissante vérité marine du monde

Ô tempêtes violacées des crépuscules définitifs
Qui du violent décharnement des ses improbables remous
Engloutissent les derniers navires de nos raisons d’être en perdition
Maintenant et à jamais sombrées

Ô tempêtes crépusculaires des bleus de nuit et d’azur confondus

Emporte-nous au loin
Emporte-nous au large
Emporte-nous aux grands larges lointains
Ouvreurs de nouveaux horizons!

 

 

Puis la tempête océane
Aux frontières des rivages d’ombre et de lumière abolies
Ourdit sa grande toile passionnée de pourpre de mer
Où se broie pour elle-même
Le final mystérieux de son grand drame chaotique

Vinrent alors
Envolées du souffle de la nuit souveraine
Les âmes étonnées de la grande migration annoncée
Rejoindre le chœur rugissant
Des gouffres grands ouverts
Qui avalent et éteignent
Les soleils du minuit de toutes nos évidences

Et présentent
Aux quatre points cardinaux
Du cercle d’or reposé au fond de l’antre obscur
Le don sacré des secrètes transformations

As-tu pénétré les abîmes des sources marines?
Là où s’ouvrent les portes des mers du pays de l’ombre
Et d’où s’échappent, portées au loin par leur voile sombre
De rêves et d’angoisses, celles
Qui savent arrêter et confondre la course des lunes et des soleils?

Pour que surgissent enfin,
Au calme de nouveaux matins lumineux,
Les sages espérances retrouvées.

 

Voir aussi :

« Abstraits ». Peinture et Poésie